AFEPHAR: 3ème journée scientifique des femmes pharmaciens du Mali. Imprimer
Écrit par Dr Soumaïla COUMARE   
Jeudi, 20 Novembre 2014 23:45

La salle des banquets, Fanta DAMBA N°2 de 300 places du Centre International de Conférence de Bamako (CICB), a refusé du monde ce jeudi 20 novembre 2014 à l’occasion de la troisième journée scientifique de l’Association des Femmes Pharmaciens du Mali...

Les travaux de cette journée se sont articulés autour de deux (2) thèmes :

1. L’impact de la contraception sur la fertilité, présenté par Dr DIAKITE Djedi ;

2. La maladie à virus Ebola, présenté par le Pr Samba SOW.

La cérémonie d’ouverture, placée sous la présidence du Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique représenté par le Directeur de la Pharmacie et du Médicament, Dr Yaya COULIBALY, a enregistré quatre allocutions: la Présidente de l’AFEPHAR, Dr DIALLO Alima GUEYE a d’abord souhaité la bienvenue aux participants avant de placer la journée dans son contexte. Ce fut le tour du Président du Syndicat Autonome des Pharmaciens d’Officine privée (SYNAPPO), Dr DIA Check Oumar, et du Président du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens du Mali (CNOP), Dr DOUMBIA Abdou, de saluer cette belle initiative qui donne l’opportunité à la profession de mener un débat scientifique sur les préoccupations de l’heure. Dans son allocution d’ouverture, le DPM a souligné la pertinence des thèmes choisis. Il a invité les participants à une implication effective pour que des recommandations pertinentes puissent sanctionner la fin des travaux. Enfin, il a rassuré les pharmaciens de la disponibilité du département pour la mise en œuvre de ces recommandations.

Après la suspension de séance et la pause café, la présentation du premier thème par Dr Dr DIAKITE Djedi a porté sur les études menées à travers le monde concernant l’impact des différentes méthodes contraceptives sur la fertilité des femmes.

En conclusion, le conférencier a souligné l’existence des facteurs confondants comme l’âge et certains traitements médicamenteux sinon, après douze (12) mois d’arrêt, les différentes méthodes contraceptives n’ont pas d’effet sur la fertilité. Au contraire l’absence de contraception aboutit souvent à une interruption volontaire de grossesse (IVG) qui impacte négativement sur la fertilité féminine.

Cette présentation a suscité un vif débat présidé par Pr Rokia SANOGO, avec Dr Abdou DOUMBIA comme modérateur et, Amadou Sekou TRAORE comme rapporteur.

Outre les nombreuses contributions, les interrogations ont porté sur : (i) la persistance de l’aménorrhée après un long usage des contraceptifs ; (ii) les données statistiques du Mali après plus de vingt (20) ans d’utilisation des contraceptifs et quand commencer la contraception? (iii) ce que le conférencier pense des programmes et politiques de planification familiale au Mali ; (iv) si les DIU doivent être utilisés au Mali et, la dispensation des contraceptifs œstroprogestatifs au niveau des officines ; (v) la prise en charge des complications liées aux DIU et l’implication des pharmaciens dans les programmes de Planning Familial ; (vi) les constats du conférencier au niveau de sa structure ; (vii) comment parler de la contraception à nos filles de dix-huit (18) ans ; (viii) les filles qui font de plus en plus de longues études se marient tardivement et, ont par la suite des difficultés pur avoir des enfants ; (ix) l’adéquation entre les méthodes modernes et les méthodes traditionnelles de contraception ; (x) la vente illicite et le mésusage des contraceptifs surtout à l’intérieur du pays ; (xi) la nécessité de cadrer la publicité et d’informer sur les effets secondaires des différentes méthodes ; (xii) l’atteinte des objectifs de la santé de la reproduction depuis la conférence de Caire dans les années quatre vingt-dix.

En guise de réponse, le conférencier s’est d’abord réjouit de l’intérêt suscité par le sujet auprès des pharmaciens avant de préciser que beaucoup de difficultés signalées relèvent plutôt de la mauvaise utilisation de la contraception. Il reconnait qu’il y a une insuffisance de données statistiques sur la contraception au Mali. Pour commencer la contraception, il conseille d’attendre que le cycle menstruel de la jeune fille se stabilise et, qu’elle ne soit plus vierge. Il estime que dans les conditions requises, les DIU peuvent bien être utilisés au Mali mais, ne pas les placer sur un terrain infectieux, ou pendant plus de trois ans et demi à quatre ans. Au delà, il faut remplacer le DIU.

D’une manière générale, Dr DIAKITE préconise d’arrêter la contraception si les effets secondaires persistent et cela quelque soit la méthode utilisée.

En résumé, la présidente de séance, le Pr Rokia SANOGO a demandé que les contraceptifs soient gérés au Mali comme des produits de santé avec tout l’accompagnement nécessaire. Elle demande aussi de faire la part des choses entre mésusage et difficultés liées à la bonne utilisation des contraceptifs.

Elle retient que les contraceptifs bien utilisés n’ont pas d’effet sur la fertilité.

Elle a rappelé que les méthodes traditionnelles de contraception ne sont utilisées qu’une fois la femme mariée, quand elle commence à faire des enfants et, pour l’espacement des naissances. Elle plaide donc pour la promotion de la virginité chez nos filles, c'est-à-dire pas de rapports sexuels avant le mariage.

Pour clôturer ces débats, le Président du CNOP a informé que les données statistiques de l’EDS 4 existent et que l’ordre va faire l’effort de partager ce document avec les pharmaciens.

 

Le second thème de la journée a trait à l’actualité brulante du moment: la fièvre hémorragique à virus Ebola. La présentation du Pr Samba SOW a porté sur l’agent pathogène, les signes de la maladie, le reflexe Ebola et les signes d’alertes surtout à l’officine, l’historique de l’épidémie, le diagnostic de la maladie, les activités du comité interministériel de gestion des épidémies et catastrophes depuis le déclenchement de l’épidémie en Guinée, la riposte du Mali depuis le premier cas de la petite fille de Kayes ramenée de Guinée par sa grand-mère, la gestion du cas de la clinique Pasteur de Bamako.

Lors de son exposé, Pr SOW a insisté sur le fait que les personnes contacts ne sont pas forcement contaminées, elles sont suivies pour une détection et une prise en charge rapide de la maladie mais, ne sont pas enfermées. La maladie à virus Ebola est grave mais, il demande de ne pas dramatiser non plus.

Il informe que malheureusement tant que la Guinée et ses pays voisins ne font pas deux périodes d’incubation (2 X 21jours) sans Ebola, le Mali ne peut pas être sans Ebola.

Il attend des pharmaciens d’officine : la mise en place d’un système de lavage des mains ; utilisation de gel désinfectants et des dépliants et prise de température. Il souhaite que les pharmaciens se protègent et si possible, part le port de gants.

Les discussions sur ce thème furent présidées par Dr CISSE Djita Dem avec Dr DIA Check Oumar comme modérateur. ce thème suscita également beaucoup de contributions et de commentaire mais, les interrogations ont porté sur: (i) la qualité, la durée d’action et l’efficacité des gels disponibles sur le marché ; (ii) l’absence de cas dans l’entourage de la jeune fille de Kayes ; (iii) la possibilité de contamination à l’officine par l’argent et les ordonnances, le sort réservé au corps des défunts et les informations sur le vaccin ; (iv) la gestion du cas de la clinique Pasteur de Bamako ; (v) la non association du CNOP aux démarches du comité charger de la lutte contre la maladie ; (vi) les dispositions prises au niveau de la frontière ; (vii) les indications par rapport à l’eau de Javel dans la lutte contre la maladie à virus Ebola ; (viii) la protection du personnel soignant ; (ix) la formation et l’information du personnel à l’officine ; (x) apport de la diaspora scientifique et technique dans cette lutte; (xi) la contribution des thérapeutes traditionnels ainsi que leur formation, leur information et leur sensibilisation (xii) la collaboration du Pr SOW avec la division prévention et lutte contre la maladie de la DNS, l’état du médecin malade et, la leçon à retenir de la gestion de cette épidémie ; (xiii) l’utilisation d’incinérateur au niveau du CNAM, la formation des médecins privés ainsi que leur dotation en moyens de protection efficaces ; (xiv) les origines de l’épidémies, la place de la sérothérapie et des antiviraux dans la lutte contre la maladie à virus Ebola.

Dans sa réponse, le Pr SOW a précisé que contact ne veut pas dire contaminé car à certains stades la contagiosité est faible donc, on n’enferme pas un contact à la maison. En outre les corps ne sont pas incinérés au Mali mais, plutôt désinfecté avec l’Eau de Javel à 10% mis dans des sacs mortuaires et ensevelis à 2 mètres de profondeur. Tout comme les participants ont prié pour le Pr SOW, il a également prié et demandé à prier pour que le médecin malade puisse nous revenir rapidement. Il a expliqué qu’il y a deux candidats vaccins et, au Mali un candidat vaccin est à l’essai et les résultats sont attendus en décembre 2014. Il s’agira alors de vacciner le personnel qui se trouve sur la ligne de front avant d’élargir cette vaccination au reste de la population. Il préconise l’Eau de Javel à 0,5% comme solution de désinfection, déconseille formellement tout diagnostic ou traitement à l’officine et trouve que la collaboration des ordres professionnels de santé dans la lutte doit être renforcée. Même sans Ebola il faut promouvoir le lavage des mains a-t-il estimé avant d’inviter tous ceux qui veulent faire des dons à s’adresser au centre des opérations d’urgences. Il informe que quatre (4) incinérateurs sont utilisés au niveau du CNAM avec une équipe de maintenance et un cahier d’incinération. La présente épidémie est partie d’une petite fille de trois ans contaminée par une chauvesouris en Guinée et le Pr SOW précise que trois groupes de personnes sont particulièrement touchés: la famille qui touche le malade ; le personnel de santé qui le soigne et, ceux qui préparent le corps après le décès. Le Pr SOW demande à tout le personnel de santé de se référer au serment prêté et à l’hymne national car, c’est le lieu pour nous de donner au besoin notre sang pour le Mali.

Après les informations générales la séance fut levée et rendez-vous a été pris pour l’année prochaine.